Centre d'Étude du Futur

« Les mass médias sont contrôlés par de grandes organisations intégrées au système. Quiconque a un peu d'argent peut faire imprimer un texte, le diffuser sur Internet ou ailleurs, mais ce qu'il veut dire sera submergé par la quantité des informations véhiculées par les médias, et n'aura donc aucun effet pratique.
Il est impossible que les écrits émanant d'individus et de groupes restreints aient une quelconque influence sur la société. Prenons notre cas : si nous avions transmis le présent texte à un éditeur, sans avoir commis d'actes de violence, il n'aurait probablement jamais été accepté. Et s'il avait été accepté et publié, il n'aurait probablement pas attiré beaucoup de lecteurs, parce qu'il est plus amusant de regarder les divertissements distillés par les médias que de lire un essai sérieux. Et même si ce texte avait eu beaucoup de lecteurs, la plupart d'entre eux l'auraient rapidement oublié, car les esprits sont submergés par la masse d'informations publiées par les médias.

Pour que notre message ait quelque chance d'avoir un effet durable, nous avons été obligé de tuer des gens. »

« ... nous avons été obligé de tuer des gens » ! Cette phrase apparaît d'autant plus terrible qu'elle reflète une cruelle réalité. Car, de 1978 à 1996, l'auteur de pareil aveu a ponctuellement envoyé des colis ; lesquels explosaient dès leur ouverture. Et ces envois individuels piégés, ont finalement occasionné 3 morts ainsi que 23 blessés.

Durant 18 ans, la police américaine traqua sans relâche celui qu'elle surnommait « Unabomber ». Elle en vint même à promettre une récompense, atteignant 1 million de dollars, pour qui permettrait la capture de ce mystérieux criminel. Quant à la presse, elle relayait l'image d'un tueur en série, d'un psychopathe s'en prenant uniquement au milieu techno-scientifique.
L'expéditeur des colis mortels, lui, se voyait autrement. Ce n'était pas l'une ou l'autre forme de maladie mentale qui guidait son action, mais bien cette démarche idéaliste recherchant l'intérêt du grand nombre. Aussi, afin d'exposer sa vision des choses, en vint-il à proposer un marché : il arrêterait ses attentats meurtriers, à condition que les 2 plus grands quotidiens d'Amérique fassent connaître ses motivations.
« Washington Post » et « New York Times » publièrent alors son manifeste, dont la traduction française a pour titre : La société industrielle et son avenir.
Or, cet écrit allait provoquer sa perte. Car les idées originales inclues dans ce texte en identifièrent immédiatement le promoteur. Ses opinions non-conformistes, furent en effet reconnues par son frère. Et celui-ci alerta les services de police. Le coupable recherché était ce mathématicien ayant enseigné naguère à l'université de Berkeley : Theodore Kaczynski.
Arrêté, puis jugé par un tribunal californien en 1998, il fut condamné à la détention perpétuelle.

Les autorités judiciaires américaines rejetèrent vigoureusement les demandes du prévenu. Lequel désirait un procès public, cherchant de la sorte à s'exprimer devant le peuple.
Le faire passer pour fou créait aussi un problème. De fait, cette fiction empêchait une condamnation à mort. Parce que le châtiment suprême ne peut s'appliquer aux irresponsables. Restait donc à l'empêcher de parler, à le surveiller étroitement, et ce, jusqu'à la fin de ses jours. Aujourd'hui, il purge ainsi sa peine : au sein d'un établissement de haute sécurité, situé dans le Colorado.
En prison, Kacczynski écrivit un volumineux ouvrage de plus de 500 pages. A nouveau, mais dans le détail cette fois, il expliquait les raisons qui l'avaient conduit à tuer de sang-froid. Mais, par décision judiciaire, le gouvernement américain ordonna que jamais ne soit publié un tel brûlot.

Bien sûr, nous devons condamner ces meurtres ainsi commis, quelles que puissent être par ailleurs les raisons invoquées. Cependant, empêcher un plaideur d'énoncer publiquement sa défense, altère quelque peu l'idéal de justice. C'est pourquoi, il convient d'encourager cette probité refusant toute forme de censure. On trouvera donc les arguments de Th. Kaczynski divulgués ci-dessous...

La société industrielle et son avenir (Première partie)

Notre société industrielle est un désastre. Parce que ce progrès technologique qui la propulse, détruit l'autonomie des hommes. De fait, le mécanisme de cette technique envahissante enfonce chacun dans la dépendance, l'impuissance, l'aliénation, l'humiliation.
S'il a considérablement accru l'espérance de vie, un tel système par contre génère une existence privée de sens, provoque d'intenses souffrances psychiques, envisage de transformer l'humain en produit manufacturé, massacre la Nature.
Et tout ceci ne peut faire qu'empirer.

Nous n'avons d'autre choix que de déclencher une révolution. Il faut en effet abattre ces mortifères structures économiques et technologiques.
Un obstacle majeur à cette salutaire insurrection, provient d'une certaine gauche. Pullulent en effet, les faux rebelles. Ceux-ci veulent plus d'égalité, d'équité, d'amélioration. De sorte qu'ils demandent à cette société-catastrophe de gagner en vertu, mais ne cherchent nullement à la renverser.
Ces réformistes versent dans un politiquement correct larmoyant. Par conséquent, tout qui appartient à l'une ou l'autre minorité vient à se considérer en victime. Dès lors, certains - féministes, gens de couleur, homosexuels, soutiens de migrants, défenseur des animaux,... - se trompent de guerre. Et le nécessaire combat pour la liberté se perd dans les revendications geignardes.

Demander de la sorte à ce système néfaste de solutionner toutes les injustices, dénote un manque de confiance en l'individu. C'est le dire incapable de prendre en main sa destinée, c'est nier ces petits groupes où se combinent inégalités naturelles, mérites innés, critiques, conflits, initiatives. Avec débats parfois très agités, mais accouchant de consensus profitables à tous. Or, refuser cet individualisme exprimant sa différence, et bénéfique à l'ensemble, révèle un profond refus du réel.
En général, les progressistes pensent comme l'exige le pouvoir. Car, moralisés à l'extrême, ils traînent souvent une culpabilité qui leur fait courber la tête. Cela parce qu'ils viennent, pour la plupart, de milieux matériellement et intellectuellement favorisés. Dès lors, volontiers masochistes dans leurs actions militantes, bien que jouant souvent au directeur de consciences, ils ne se sentent en sécurité que dans des masses anonymes criant à la persécution.

La façon de vivre actuelle est radicalement différente de celle qui a permis l'évolution de l'Homme. Maintenant, s'additionnent surpopulation étouffante, cadre de vie bannissant la Nature, changement constant des conditions d'existence, effondrement des petites collectivités locales.
Malgré cela, les conservateurs en politique osent se lamenter de l'effacement des valeurs traditionnelles, ainsi que de la dislocation des familles. Ceci alors qu'ils acclament stupidement les progrès techniques et la croissance économique ! C'est pourtant par semblables trajectoires que se défont les liens sociaux, que progressent divorces et nomadismes, que s'effacent solidarités claniques et enracinements territoriaux d'autrefois.

Beaucoup de nos contemporains ont besoin qu'on les tienne par la main, qu'on leur indique comment se diriger dans la vie. Or, il s'agit-là d'un manque de santé, de vitalité. Car l'accomplissement personnel réclame une grande autonomie, mais aussi des efforts.
La réalisation de soi a besoin d'obstacles à surmonter. Or, naguère, la satisfaction des besoins primaires imposait la stimulation de  capacités diverses. Alors que notre vie moderne éradique ces tensions favorables, remplaçant ces dernières par des occupations abrutissantes. En résulte de la frustration, de l'agressivité aussitôt dirigée contre soi-même ou les autres.
Aujourd'hui, le pouvoir oblige à s'investir dans des activités de substitution. L'énergie de chacun ne se dirige plus vers la survie, l'accomplissement, la plénitude, mais sert avant tout à combler moult faux besoins, à satisfaire des appétits artificiellement créés par propagande ou publicité. Soit consacrer du temps, de l'énergie, afin d'atteindre des buts dérisoires, voire de « réussir » selon les règles imposées.

Les décisions importantes, relatives aux problèmes de sécurité, santé, bien-être, sont prises par un tout petit nombre de gens. Cette absence de consultation populaire sur les questions vitales, ne choque pourtant pas grand monde. Car un tel mépris envers les citoyens, se dissimule en remplaçant la liberté authentique par ce leurre que l'on appelle permissivité.
Le libéralisme économique repose sur une injonction : il faut « profiter ». Aussi, maladies, vieillesse et mort, en deviennent scandales inadmissibles. Pourtant, accepter ce cycle naturel de la vie, soit s'accorder au principe vital et refuser toute artificialité, est sans conteste le premier pas menant vers l'autonomie.
Il y a toujours eu des gens satisfaits de leur condition d'esclave. Cela par faiblesse, certes, mais aussi par fourvoiement. De fait, certains s'égarent, dépensent leurs forces sous l'effet d'une ambition démesurée. Croyant se hausser, ils s'identifient à quelque grande organisation, s'efforcent de travailler aux intérêts de celle-ci. Ce faisant, ils se mettent en finale au service d'une structure qui les asservit.

Souvent, prétendre se vouer au bien commun, peut s'analyser comme incontestable subterfuge. Parce que, là encore, pointe le besoin de se réaliser à tout prix, quelle que puisse être l'activité choisie.
Ainsi en est-il de cette recherche scientifique, ultra-spécialisée, profitant seulement à qui la finance. De même, cette science avançant quelquefois en aveugle, générant dans ce cas l'une ou l'autre découverte particulièrement dangereuse pour la collectivité.

Les droits constitutionnels représentent une autre duperie. Car ceci correspond à l'utopie bourgeoise d'une vie en commun échappant aux dérives autoritaires. Ce qui revient à croire que seules des protections juridiques autorisent la liberté de tous. Or, pareil credo institue plutôt un résultat inverse. De fait, l'individu se voit de plus en plus entravé par un enchevêtrement de lois et règlements pléthoriques. Alors que l'autonomie réelle prend forme quand le pouvoir n'a pas les moyens d'imposer sa volonté. Que vaut en effet une vie dite « libre », lorsque celle-ci se confine selon des limites fixées par d'autres ?
En réalité, on exploite ainsi le ressentiment des particuliers et dirigeants de petites entreprises envers la bureaucratie d’État. Ceci, tout en agissant pour supprimer la plupart des réglementations encadrant haute finance et commerce international.
Avec une telle poudre aux yeux, il s'agit une fois encore d'occulter les outils de contrôle inconscients, c'est-à-dire l'influence psychologiquement délétère des structures économiques et technologiques mises en place.

On peut envisager l'Histoire comme une suite de péripéties se déroulant toujours sur un mode chaotique, illogique, inattendu. Mais, considérer qu'il suffit d'un bouleversement radical pour ordonner les événements, les orienter de façon durable, s'avère tout autant vraisemblable. Sauf que, là aussi, une certaine imprévisibilité doit être prise en compte. La complexité inhérente à toute société, empêche en effet de prévoir avec certitude quelle sera son évolution future.
Une révolution s'impose aujourd'hui. Parce qu'il est impossible de concilier progrès technologique et liberté. D'autant que pareil processus accordant la prépondérance à la techno-science, s'avère particulièrement pernicieux, et ne peut être réformé. Une rupture totale doit donc survenir. Ceci, tout en sachant que nous ne saurons jamais prédire toutes ses conséquences.

La société industrielle et son avenir (Deuxième partie)

Orienter tout comportement vers « l'efficacité », s'effectue dès l'enfance. De fait, l'école fabrique les spécialistes dont le système a besoin. Cependant, servir convenablement le pouvoir en place devient insoutenable. Car ce dernier exige inlassablement des compétences nouvelles, des recyclages permanents, tout en imposant des attitudes de moins en moins naturelles. Aussi, le nombre d'inadaptés ne cesse de croître.
Atténuer cette pression constante, notamment par le biais d'élections démocratiques, s'avère un leurre supplémentaire. Ce n'est plus la politique qui dirige nos existences, mais une technologie tyrannique.
Finalement, pour la majorité de nos contemporains, une vie meilleure se trouve hors de portée. Parce que l'objectif sociétal actuel n'est pas de satisfaire les besoins humains. De fait, ces derniers ne se voient pris en compte que lorsque les puissants y trouvent leur intérêt.

Au sein du processus technologique, bienfaits et nuisances se trouvent étroitement imbriqués, ne peuvent être séparés, et se développent de concert jusqu'aux inévitables catastrophes. Accepter le secours de la médecine, revient ainsi à se soigner en consommant ces produits chimiques contenus dans les médicaments. Soit se guérir d'une manière artificielle. Laquelle mène en droite ligne à la dégradation génétique de la population. Et, à partir de là, le « progrès médical » ultérieur sera forcément de concevoir un homme « plus sain », bientôt « amélioré », « augmenté », entièrement usiné telle une pièce de machine.
Au nom de la dignité humaine, toute éventuelle législation ayant pour but d'empêcher cette dissolution de l'être humain, révélerait très vite sa complète inutilité. Car l'habile propagande habituelle poussera très loin la séduction des foules. Ceci se fera donc par mise en valeur d'avantages thérapeutiques certains, s'accompagnant d'une totale occultation des risques. Soit un conditionnement persévérant dans la même direction : vers un contrôle total de notre manière d'être, par le biais de moyens dissimulés.

Curieusement, il semble impossible à nos dirigeants d'agir afin d'éradiquer la corruption politique, le trafic de drogue, la violence domestique. Plus grave encore, apparaît cette impuissance à conjurer la dégradation continue de l'environnement. Ce danger climatique s'amplifie de jour en jour, et le verbiage incessant des politiciens ne nous est d'aucun secours. Il appartiendra donc à nos petits-enfants de subir cet héritage calamiteux !
Le problème cependant, paraît simple à résoudre. Parce que le conflit entre intérêts économiques et sauvegarde de la Nature, se voit clairement identifié. Mais, rien ne bouge. À nouveau, ceci plaide en faveur de la révolution...

À ses débuts, la civilisation s'appuyait sur une nourriture à peine suffisante, un travail excessif, d'intenses pressions psychologiques afin de s'adapter au moule social. Or, progressivement, ces lourdes contraintes en venaient à franchir les limites de l'endurance humaine. Et le nombre des marginaux, rebelles, délinquants, devenait tel que l'effondrement de l'édifice social survenait à grand fracas.
Aujourd'hui, le malaise général se soigne avec médicaments, thérapies, divertissements. En outre, les endoctrinements idéologiques et mercantiles entretiennent le consentement, la domestication, la conformité.
Malgré ces stratégies, notre société a besoin de se doter d'un puissant appareil répressif. Et lorsque tant de gens refusent de suivre les règles en vigueur, c'est que pareille organisation ne convient pas à l'homme.
Ce mal-être contemporain ne cesse de gagner en intensité. Aussi, les responsables de pareil fléau vont devoir agir avec force, pour conserver leur domination. Dès lors, notre société techno-industrielle se prépare à choisir une solution à la fois radicale et technique : modifier corps et cerveau des « inaptes ». Ce qui transformerait ceux-ci en « adaptés », les formatant de la sorte en auxiliaires bonifiés d'une course démente.
Bien entendu, cette refonte des comportements, émotions, sentiments, s'accomplirait « dans l'intérêt de qui peine à suivre le bénéfique train du progrès ».

Pour éradiquer l'esclavage dans lequel le processus industriel enfonce l'espèce humaine, il nous faut exacerber les tensions sociales existantes. Stimuler la rébellion, précipitera l'effondrement nécessaire. Forger une mentalité s'opposant farouchement à la technologie, s'avère donc primordial.Si cette révolte porte ses fruits, alors  l'esprit nouveau aura pour devoir d'empêcher toute reconstitution de l'ancien monde. Au besoin, on pourrait alors détruire certaines usines, brûler l'un ou l'autre livre technique, etc...
La franchise commande d'avouer que semblable révolution causera des souffrances, des morts. Car les technophiles s'opposeront violemment aux adversaires de leur utopie. Ce serait naïveté que de vouloir une vie meilleure, en comptant l'installer de manière douce, contrôlée, ordonnée. Toutefois, hâter la fin de pareil système neutralisera le désastre qui vient vers nous, écartera le péril d'un monstrueux génocide.

Déjà, il y a deux siècles, la religion technologique nous promettait l'éradication de la pauvreté, des maladies, des guerres. A l'entendre, elle allait répandre le bonheur sur la Terre entière. Mais, l'extension de cette société industrielle a surtout occasionné de la souffrance psychique, détruit des cultures très anciennes, provoqué l'explosion démographique, dévasté la couche d'ozone, créé un effet de serre. Ajoutons à ce triste tableau ces armes de destruction massive, qui risquent à tout moment d'atterrir dans l'une ou l'autre dictature paranoïaque. Évoquons de surcroît, cette possibilité de chercheurs en génétique produisant en série des terroristes sanguinaires.
En conséquence, il convient de refuser avec force cette existence qui nous est imposée, vide de sens, et conduisant vers un horizon ô combien dangereux pour l'Humanité. Alors, puisqu'il faut mourir un jour, que notre mort s'accomplisse dignement, que notre vie s'achève dans le juste combat pour l'émancipation salvatrice.

Si l'expansion technique se poursuit, les électroniciens inventeront des machines de plus en plus intelligentes. Ces dernières, fatalement, se montreront plus performantes que les humains. De sorte qu'un jour ou l'autre, elles en viendront à prendre toutes les décisions. Cela parce que, dans un monde à ce point complexe, leur solution aux multiples problèmes donnera les meilleurs résultats. Dès lors, la dépendance envers ces équipements « bienfaiteurs » deviendra totale. A tel point que les débrancher, se révélera proprement suicidaire.
Il se pourrait pourtant que l'on parvienne à maîtriser cette technologie qui conduit à la sujétion. Dans ce cas, surgira une autre menace pour notre liberté. De fait, les grands systèmes automatisés se verront gérés par un très petit nombre d'initiés. Et, ceux-ci disposeront alors d'un énorme pouvoir.
Avec de telles « avancées », le travail humain ne sera plus irremplaçable. Par conséquent, les dominants se retrouveront face à des foules désœuvrées. Hormis quelques poignées de suppôts ultra-spécialisés, la population, fatalement, sera perçue comme inutile et dangereux fardeau. Dès lors, prévenir l'inévitable révolte de tous les « inadaptés », se réalisera par extermination massive ou domestication intégrale de ceux-ci. Et ce dernier moyen, là encore, demandera l'intervention d'une technologie de pointe, seule capable de modifier gènes et cerveaux des contestataires potentiels.

La société industrielle et son avenir (Dernière partie)

Dans les décennies à venir, il semble vraisemblable que l'espèce humaine et les autres organismes vivants, tels que nous les connaissons aujourd'hui, auront disparus. Quand on commence à modifier la Nature, il n'y a plus de raison pour s'arrêter.
Il faut donc impérativement détruire ce système calamiteux, en provoquant son instabilité. Ceci, avec le renfort d'une idéologie s'appuyant sur l'attachement à tout ce qui est naturel.
L'homme alors, se tournerait instinctivement vers l'image séduisante du « bon sauvage ». C'est-à-dire loin des conditionnements imposés par cette société technicienne. Il renouerait ainsi avec une autre existence. Car tour à tour paysan, berger, chasseur, pêcheur, il en viendrait à renforcer ses liens avec la famille élargie, à s'intégrer harmonieusement au sein d'une entité clanique, à reconstruire de petites communautés locales autonomes. Soit un retour aux origines, s'appuyant sur des technologies de moindre échelle, propres à célébrer une vie exempte de toute artificialité.

En éliminant la société industrielle, certains avantages importants disparaîtront avec elle.Mais les personnes lucides accepteront de payer ce prix, pour se débarrasser d'un système
hautement destructeur.
Beaucoup d'autres, seront moins enthousiastes. Cependant, l'Histoire s'accomplit grâce aux agissements de petits groupes déterminés. La majorité par contre, a rarement une idée claire et précise ce qu'elle veut. Aussi, une ligne de démarcation, facilement perceptible, devra rapidement se mettre en place. Cette rupture, permettra d'identifier opprimés et oppresseurs. Ces derniers, se désignant sans peine : politiciens, scientifiques, grands patrons,...
Un seul grand conflit importe donc. C'est celui qui oppose le pouvoir au peuple, la technologie à la Nature. Et désigner ainsi la menace d'un ennemi commun, permet d'affaiblir les petites dissensions. Les révolutionnaires rejetteront toute espèce de pouvoir, le refusant également pour eux-mêmes. La révolution doit se faire « d'en bas », non « d'en haut ». Et on ne remplace pas un régime politique par un autre quand il s'agit de renverser économie et techno-science aliénantes, lesquelles s'activent pour conditionner le mode de vie des hommes ordinaires.

Le nationalisme est un grand défenseur de la technologie. Tous les fervents patriotes en effet, vivent sous la hantise de voir leur nation dépassée par quelque pays techniquement plus avancé. Une obsession, qui s'avère particulièrement intense au sein des dictatures. Heureusement, celles-ci finissent toujours par sombrer, plombées par leur inefficacité bureaucratique proverbiale.
Loin de l'étroite vision nationaliste, la révolution souhaitée reposera sur l'universalité. Pour réussir pleinement, pareille rébellion en effet se doit d'être mondiale. C'est pourquoi les accords de libre- échange favorisent le projet insurrectionnel. De fait, la mondialisation de l'économie provoque l'interdépendance de tous les pays. Par conséquent, l'effondrement d'un seul de ceux-ci, pourrait entraîner bien des autres à sa suite.

À première vue, ce que l'on appelle « le Progrès » semble un processus continu, bénéfique,
inéluctable. Alors qu'il n'en est rien et que, au contraire, ce cheminement en vient maintenant à
précipiter l'humanité vers sa fin.
Or, aux temps anciens, les chasseurs-cueilleurs détenaient un savoir-faire appréciable, mais qui est désormais perdu. Ils arrivaient en effet, à survivre dans la Nature, tout en ne lui causant que très peu de dommages. Hélas, individus et petits groupes d'aujourd'hui ont perdu semblable faculté de maîtriser leur environnement. Et donc, affirmer que l'homme moderne domine pleinement le milieu naturel ne correspond absolument pas à la vérité.
En réalité, l'actuel pouvoir, énorme et destructeur, de l'humain sur la Nature, se réalise par le biais de grandes entités collectives. C'est le système industriel dans son ensemble qui exerce cette pression dévastatrice. Et l'impuissance des petites gens s'avère totale. Ils ne savent plus confectionner les outils indispensables à leur élémentaire survie, ni ceux qui permettent l'adaptation au monde moderne. Qui pourrait de nos jours fabriquer, de A à Z, un réfrigérateur ?!?
Si, à petite échelle, la technologie profite aux hommes, il n'en va pas de même lorsque cette dernière verse dans la démesure. Parce que, tôt ou tard, survient la chute brutale de l'ensemble, avec son cortège de malheurs. Et ceci entraîne une forte régression, laquelle se maintient parfois durant des siècles.

Pour terminer, il convient de réitérer la mise en garde initiale. A savoir, un mouvement qui défend nature sauvage et liberté humaine doit éviter toute collaboration avec la gauche dite « progressiste ». Car cette faction politique veut un monde totalement planifié, homogène, conforme. Ce qui requiert nombre de technologies avancées, essentielles pour exercer cet absolu pouvoir collectiviste.
De par son intolérance, l'idéologie réformiste s'apparente au fanatisme religieux. Ses adeptes en effet, se font un devoir d'imposer à tous leurs convictions et leur morale. Aussi, le « politiquement correct » cherche à s'insinuer dans le moindre recoin de la vie privée, s'évertue à modeler toute pensée.
Parmi ces croyants, évoluent bien des ambitieux. Dès lors, ces derniers rejettent avec force« l'individualisme ». Lequel est toujours un obstacle pour qui veut dominer ses semblables. En
réalité, ces nouveaux bigots s'intéressent uniquement aux « victimes ». A leurs yeux, seules celles-là méritent compréhension et mansuétude.

Dans ces pages se trouvent des affirmations approximatives, et quelques données qui mériteraient nuances et réserves. Il se peut même que l'on découvre ici quelques allégations erronées. Ceci tient à un manque d'informations certain, ainsi qu'à la nécessité d'être bref.
Avec une analyse de ce genre, chacun est largement tributaire de son intuition, au risque parfois de se tromper. C'est pourquoi cet écrit n'a d'autre prétention que d'apporter une approximation de la vérité. Néanmoins, le présent texte peut quand même être jugé véridique dans ses grandes lignes.

Commentaire

La société industrielle et son avenir, comprenait à l'origine quasiment 70 pages ! Et déjà, la longueur de ce manifeste a vraisemblablement découragé plus d'un lecteur potentiel.
De par la formation mathématique de son auteur, ce copieux pamphlet alignait des chiffres, chacun de ceux-ci déterminant un nouveau paragraphe, de nouvelles considérations. Et si semblable méthode énonçait des idées véritablement cruciales, le style s'en révélait fort peu littéraire. En outre, la force des arguments avancés déclinait à mesure que s’amoncelaient les digressions innombrables. C'est pourquoi, découper ce texte en 3 parties et le présenter ici dépouillé de ses longueurs superflues, semblait nécessaire, afin de restituer à ces concepts un semblant d'intensité.

Publié dans les circonstances que l'on sait, cet ouvrage n'a pas eu le succès espéré par son auteur. Certes, l'ampleur de l'analyse et sa formulation maladroite ont probablement suscité le désintérêt d'une grande partie du public. Et certains contenus, s'avéraient peut-être trop prémonitoires pour l'époque. De fait, réchauffement climatique et transhumanisme se percevaient chez beaucoup comme postulats de science-fiction.
D'autre part, maintenant encore, beaucoup ne sauraient approuver les idées exprimées dans ce manifeste. Existe en effet une superstition fort répandue. Soit la certitude tenace que toute avancée vers un monde meilleur, se réalise uniquement par le progrès technologique. Une croyance puérile donc, qui ne fait pas confiance aux humains, à l'évolution des individualités. Ceci, pour mieux s'abandonner à la religion scientiste.
Les anarchistes, eux, ne pouvaient que réagir différemment. D'abord parce que Theodore Kaczynski est l'un des leurs. Ensuite, et surtout, grâce aux livres rédigés par Jacques Ellul. Car cet autre camarade, a vigoureusement dénoncé l'action liberticide de la technologie. Dès lors, dans son ensemble, le mouvement libertaire approuve le manifeste précité.
Reste l'épineux problème humanitaire que posent ces sanglants colis piégés...

Pour bien comprendre le pourquoi de semblables attentats, il nous faut remonter plus d'un siècle en arrière.
En ce temps-là, abusivement dénommé « La belle époque », l'existence du petit peuple se déroulait tel un calvaire sans fin. Dès l'âge de neuf ans, garçons et filles trimaient dans les mines, les ateliers, les champs. Quant aux adultes, des salaires ridicules leur permettaient à peine de se nourrir. En outre, les multiples accidents de travail provoquaient nombre de morts et handicaps. Or, la sécurité sociale n'existait tout simplement pas. Et lorsque le désespoir venait à déborder, provoquait une émeute, la troupe intervenait aussitôt, tirant sur la foule après les sommations d'usage.
C'est à ce moment que certains anarchistes, stimulés par une indignation sans bornes, décidèrent d'éliminer les coupables profiteurs de cette souffrance quasi générale. Tombèrent donc sous leurs balles, le Tsar de Russie (Nicolas II), l'Impératrice de l'Autriche-Hongrie (« Sissi »), le Roi d'Italie (Umberto Ier), le Président des États-Unis d'Amérique (William McKinley), le Président de la République française (Sadi Carnot),...
Des bombes furent également jetées là où se réunissaient habituellement banquiers, officierssupérieurs, ministres, policiers.
De plus, d'autres militants tout aussi écœurés mais flirtant dangereusement avec la pègre, se lancèrent dans une série de vols et braquages baptisée reprise individuelle. Il s'agissait ici de récupérer un peu de ce butin, engrangé par cette bourgeoisie pressurant le prolétariat de manière inhumaine.

Le but ultime de ces outrages aux lois, à la fois violents et entièrement assumés, se dévoilait dans une formule : la propagande par le fait.
Il s'agissait de faire savoir à tous qu'existait une alternative à la servitude. Et que les dominants méritaient un juste châtiment, parce que responsables des cruelles conditions d'existence.
Dans un premier temps, pareilles dialectique et représailles semblèrent porter leurs fruits. Malheureusement, ce furent les marxistes qui profitèrent des révoltes allumées un peu partout. Dès lors, les populations se trouvèrent à nouveau tenues en laisse. Cette dernière, s'avérait particulièrement courte dans les dictatures communistes, plus longue dans les démocraties composant avec le réformisme socialiste. Quant aux groupes anarchistes, ils se virent unanimement diffamés, pour longtemps définis comme pépinières de fous dangereux.
En bref, l'échec était total.

Les actions punitives d'autrefois ont manifestement inspiré Theodore Kaczynski. Mais l'argumentation de celui-ci, qui s'exprimait à travers ses pratiques brutales et ciblées, n'entraînerait aucune rébellion. L'époque avait changé. Car les pressions exercées par le pouvoir se faisaient maintenant de manière presque invisible.
D'autre part, il y a trente ans, on ne voyait guère ces inondations, tempêtes, sécheresses, incendies, qui ravagent à présent la planète et multiplient les victimes. Certes, dans les années 1990, on détruisait déjà la Nature par le biais de la technologie. Mais, là aussi, pareille réalité se révélait insuffisamment perceptible.
Par conséquent, ces attaques meurtrières commises pour renverser une organisation sociétale toxique, s'enlisèrent à nouveau dans un absolu fiasco.

Aujourd'hui, une révolution se met en marche. Hélas, le changement capital qui s'annonce, s'avère celui voulu par l'oligarchie mondialiste. Le pouvoir en effet, compte sur les prochaines innovations technologiques pour tenir toute la population d'une main de fer.
Heureusement, rien n'est jamais joué par avance. Lorsque survient un grand bouleversement, ce qui suit arrive parfois à servir le bien commun. Sauf, si l'apathie se révèle générale et profonde ...

On a vu que la violence finit par reléguer ses apôtres parmi les psychopathes et qu'elle ne génère aucun résultat positif. Mais si cette forme extrême de protestation a démontré son inefficacité, il en est une autre qui, de nos jours, gagne du terrain. La défense de la nature en effet, lance notre jeunesse dans les rues. Dès lors, il suffirait d'un rien pour que se développe l'idéologie refusant cette future existence d'homme-machine. Et, à partir de là, une minorité agissante pourrait entraîner la révolte du grand nombre.
En réalité, le problème actuel s'énonce clairement : allons-nous réagir avec force pour contrer une technologie de plus en plus tyrannique ? Refuserons-nous la permanente surveillance des comportements, le futur contrôle des consciences, l'adultération programmée de la nature humaine, le progressif règne du cyborg ?
Depuis toujours, nos défaites résultent de l'indifférence commune et de cet esprit grégaire trop largement répandu. Aussi, les anars n'ont-ils jamais cessé de répéter, tel un mantra, cette judicieuse maxime : « C'est moins le bruit des bottes qu'il nous faut craindre, que le silence des pantoufles ».

Gablou