Centre d'Étude du Futur

    A priori discret, car inconnu du grand public durant des décennies, Klaus Schwab sort de ce quasi anonymat en 2016. Cette année-là voit la parution de son premier ouvrage : La Quatrième Révolution Industrielle.
Dans ce livre, notre homme fait montre d'une grande prudence. Il sollicite par moment la réflexion du lecteur, semble peser le pour et le contre, ne cherche apparemment pas à convaincre. Néanmoins, parmi ces pages, certaines phrases laissent poindre une idéologie bien présente. Mais, jugeons-en plutôt :


Page 11 = « ... le plus important est de comprendre et orienter la nouvelle révolution technologique, qui implique rien de moins qu'une transformation de l'humanité...
Page 19 = ... C'est la fusion des technologies et leur interaction simultanée dans le monde physique, numérique et biologique qui constitue l'originalité de cette Quatrième Révolution industrielle...
Page 35 = ... Ces dernières années, des progrès considérables ont rendu moins cher et plus facile le séquençage génétique et, tout récemment, l'activation ou la modification des gènes... Prochaine étape : la biologie de synthèse, qui nous permettra de créer des organismes sur mesure en réécrivant l'ADN...
Page 36 = ... La capacité à modifier le vivant peut être appliquée à quasiment tout type de cellule, pour créer des plantes ou des animaux génétiquement modifiés, mais aussi modifier les cellules d'organismes adultes, y compris humains...
Page 92 = ... celui qui connaît la technologie détient le pouvoir. Une entité disposant d'un accès au code source est presque toute-puissante. Compte tenu des difficultés croissantes à saisir le potentiel des technologies modernes, il est probable que de nouvelles inégalités apparaîtront entre les individus à l'aise avec la technologie, qui la comprennent et la contrôlent, et ceux qui, moins bien informés, utilisent passivement une technologie dont le fonctionnement leur échappe...
Page 112 = ... Le danger majeur pour la coopération et la stabilité globales sera peut-être le fait de groupes radicaux combattant le progrès avec une violence extrême ancrée dans une idéologie...
Page 119 = ... La Quatrième Révolution Industrielle ne change pas seulement ce que nous faisons, mais aussi qui nous sommes... En conséquence, on risque d'assister à une polarisation croissante entre ceux qui adoptent le changement et ceux qui lui résistent... les gagnants et les perdants... Les gagnants pourront peut-être même bénéficier d'une certaine forme d'« amélioration humaine » radicale engendrée par certains aspects de la Quatrième Révolution Industrielle (comme le génie génétique) à laquelle les perdants n'auront pas accès...
Page 120 = ... En tant qu'ingénieur, je suis très technophile et parmi les premiers à adopter les innovations...
Page 121 = ... Dans un avenir proche, on verra des bébés « sur mesure », avec toute une série d'autres modifications de notre caractère humain...
Page 126 = ... De nombreuses recherches montrent que, lorsque quelqu'un se sait observé, il devient plus conformiste et plus docile...
Page 138 = ... cette ère technologique nouvelle pourrait faire advenir une nouvelle renaissance culturelle, qui nous permettra de dépasser nos limites : nous créerons une véritable civilisation globale. La Quatrième Révolution Industrielle a le pouvoir de robotiser l'humanité et d'ébranler ce qui a été traditionnellement pour nous porteur de sens : travail, communauté, famille, identité... ».


    Suite à pareille lecture, une question taraude immédiatement l'esprit : quel est donc ce personnage qui nous annonce tranquillement le total remodelage de l'être humain, prône un inquiétant projet de société, promet pour bientôt une civilisation radicalement différente ? Or, en cherchant une réponse à ces interrogations, on peut lire dans le texte incriminé moult remerciements que l'auteur adresse à pas moins de 70 personnes !

    Il s'agirait donc d'un travail d'équipe. Tout ce petit monde se serait investi dans cet ouvrage, apportant de surcroît une caution scientifique essentielle. Car défilent ici des spécialistes reconnus, experts dans des domaines aussi variés que la biologie, l'informatique, l'économie... De plus, ces gens aux nationalités diverses interviennent régulièrement dans les travaux du « Forum Économique Mondial », lequel se tient chaque année à Davos.
La préface contenue dans le livre, nous renseigne également sur les collaborations et soutiens recueillis. Elle nous révèle ainsi l'appui d'un des hommes les plus riches de France. De fait, ce préambule se voit rédigé, argumenté, signé par Marcel Lévy, Président de l' « Association française des entreprises privées » et PDG du groupe international « Publicis ».
En conséquence, le questionnement face à ce séisme défini sur papier, devrait plutôt s'énoncer comme suit : de quel cénacle Klaus Schwab est-il le porte-parole ?

La Caste

    Aujourd'hui, les milliardaires en dollars se comptent par centaines. A ceux-là, s'ajoutent les multiples fortunés de moindre importance. Le nombre des très riches alors, s'élève à plusieurs millions d'individus.
Il n'en a pas toujours été ainsi. En réalité, l'opulence de cette infime partie de l'humanité s'est envolée au cours des années 1980. Car, à cette époque, le communisme ne représentait plus un danger majeur pour l'establishment capitaliste. Désormais, on pouvait risquer de mécontenter le peuple. Surgirent donc, çà et là, ces politiciens, apôtres de l'ultralibéralisme, qui allaient instaurer le règne des actionnaires.
Depuis lors, les grandes entreprises commerciales favorisent la rémunération outrancière du capital investi. Et ce, aux dépens de leurs États-nations respectifs, des fournisseurs locaux, de salariés nationaux transformés en chômeurs. La « mondialisation heureuse » en effet, permet d'installer son siège social dans les pays où la fiscalité se révèle ridiculement basse. Ainsi que construire maintes usines en des contrées certes lointaines, mais autorisant pollutions magistrales et salaires indécents.

    Qui possède une richesse extravagante, accède parfois à la notoriété. Des noms tels que Gates, Soros, Arnault... reviennent régulièrement dans nombre de publications et reportages. De même, certaines parentés adossent leur fortune à la célébrité. Les Rothschild, les Rockfeller, la monarchie britannique... sont de ces familles considérablement nanties dont le vedettariat résiste aux années. Néanmoins, la plupart des grands possédants manifeste une discrétion sans faille, voire protège un strict anonymat.
Généralement, ces personnalités richissimes, connues ou méconnues mais dotées d'avoirs astronomiques, confient ces derniers aux professionnels de l'investissement massif. C'est ainsi que, chaque jour, de colossales sommes d'argent se transforment en placements lucratifs. Ceci grâce à l'intervention d'opérateurs financiers, tels que BlackRock, J.P. Morgan, Vanguard, Goldman Sachs, Morgan Stanley... Lesquels ne se cantonnent pas à la gestion de patrimoines privés. Ils travaillent également à faire fructifier les liquidités d'autres clients prospères : banques, fonds de pension, compagnies d'assurances...
Ces mastodontes de la finance disséminent alors pareilles montagnes de capitaux afin de stimuler nombre d'activités commerciales. Pour autant que celles-ci rétrocèdent dividendes et plus-values hors normes. Aussi, pratiquement tous les secteurs se voient impactés de la sorte : alimentation, habillement, construction, combustibles, médicaments, transports, loisirs...
En finale, et pour peu qu'il se monnaie, le minimum indispensable à toute vie profite immanquablement aux hyper-riches.

    A présent, les puissances économiques et financières, mondialisées, gèrent une richesse qui prend de plus en plus d'ampleur. Par contre, les États s'anémient. Manquant de ressources, criblés de dettes, ils s'efforcent d'administrer des populations qui s'appauvrissent elles aussi. Et maintenant, certaines firmes transnationales se révèlent pécuniairement plus puissantes que bien des pays.
Cette situation est inédite dans l'histoire des hommes. Car elle modifie radicalement l'essence même du pouvoir. De nos jours en effet, l'habituelle souveraineté politique cède la place à la prépondérance de l'argent. Révolution d'importance, quelque peu opaque aux yeux du grand public, et qui renverse totalement les rapports de force. Aussi, gouverner une nation requiert désormais le blanc-seing des banquiers. Un changement de régime donc, que pilote, directement ou indirectement, la caste des super-riches.

    Afin d'accroître et protéger leurs privilèges, les gens fortunés se réunissent ponctuellement pour concevoir des stratégies communes. Or, l'intérêt seul commande pareilles rencontres. Car ce dernier amenuise en suffisance ces rivalités, jalousies, inimitiés qui caractérisent les grands avides.
Divers clubs et cercles de « réflexion », fort discrets, accueillent ce gratin démesurément bien pourvu. Mais, on trouve aussi de semblables intrigants ne dédaignant pas la lumière des projecteurs médiatiques. Ceux-là dès lors, participent régulièrement au Forum Économique Mondial, cet enfant de Klaus Schwab.
Parce que bien visible, pareille réunion s'efforce d'échapper aux critiques d'un public international. Pour justifier cette tribune, la galaxie économique et financière va donc forger quantités d'alibis. Dès lors, nombre de discussions et travaux aborderont des thèmes apparemment généreux : éradication de la pauvreté, lutte contre le réchauffement climatique, santé des populations... De sorte que ce cinéma parvient à diffuser en boucle l'apparente exigence d'un monde meilleur. Avec pour enseignement final, que cette maison Klaus, enjôleuse, promet bien des félicités à tous les peuples de la Terre.

L'influence

    Il existe un domaine dans lequel les super-nantis investissent de manière continue, tout en acceptant d'y perdre beaucoup d'argent. Ce gouffre financier est celui de la presse.
Parce que l'insertion de publicités ne peut pas compenser ses déficits chroniques, un journal assure sa survie grâce aux fonds qu'il reçoit. Aussi, la quasi totalité des périodiques appartiennent à l'une ou l'autre grande fortune. Et ces magnats contrôlant chacun un nombre important de publications, ne sont pas des mécènes au grand cœur. Il s'agit pour eux d'orienter l'opinion ; et ce, bien sûr, dans le sens de leurs intérêts.
Article après article, les journalistes appointés font l'éloge des gens qui plaisent aux directeurs de rédaction. Ces derniers étant eux-mêmes évalués à partir de critères décidés en haut lieu. C'est ainsi que l'on sortira de l'ombre tel candidat aux élections, tel aspirant politicien. Et, au fil du temps, le profil de ce petit préféré se précisera, s'ordonnera en portrait flatteur, afin que tous puissent en lui reconnaître un intègre défenseur du bien commun. En outre, quelques dons bienvenus épongeront nombre de frais suscités par sa campagne électorale.

    Les canaux audiovisuels accentuent cette main-mise des très riches sur l'information. Car télévisions et radios privées, pour la plupart, se révèlent également possession d'importants groupes financiers.
Quant aux émetteurs relevant encore du service public, leurs administrateurs se voient désignés par la classe politique, c'est-à-dire par les serviteurs zélés du système.
Véritables compléments de l'écrit, ces autres médias commentent également l'actualité quotidienne. Cependant, celle-ci se révèle tout à fait inoffensive, car étouffée par l'afflux de programmes voués au divertissement.
Le milieu culturel subit l'influence pernicieuse du pouvoir ultra-capitaliste. Déjà, parmi les émissions diffusées, il y a cette critique qui s'attache à faire ou défaire les réputations artistiques. Mais en outre, ceci s'accompagne d'un tri spécifique. De fait, avant d'être révélés au public, films, chansons, spectacles, livres, ... se filtrent selon les postulats agréables aux propriétaires des stations. Le but ultime est d'engorger yeux et oreilles, d'installer une audience pilotée.

    Pour les puissants, peser sur la sphère culturelle permet d'atténuer le danger d'une attaque générale contre leurs intérêts. Grâce à tous ces relais médiatiques, et en vertu du vieil adage « Diviser pour régner », ils créent un permanent climat de guerre intestine. Stimuler la lutte des uns contre les autres, exposer nombre d'injustices de piètre envergure, éparpiller la contestation, lancer des leurres qui attirent l'agressivité, sont pour eux manœuvres essentielles.
Féministes criant à l'oppression masculine, gays s'insurgeant contre la norme hétérosexuelle, noirs dénonçant le mépris des blancs, musulmans réclamant tolérance aux chrétiens... ont certes des raisons pour protester. Sauf que les gens conspués par ces contestataires, réagissent à leur tour, par réflexe colérique ; et ce, parfois avec excès.
Il faut lever la tête afin de déceler notre véritable ennemi. Pour cela, l'attention ne doit nullement se focaliser sur l'autre, cet être différent qui vit à nos côtés. De plus, agresser pareil voisin en hurlant à sa probable immoralité, révèle un comportement stupide, préjudiciable à tous. Car lorsque les petits s'empoignent de la sorte, alors les grands possédants exploitent le menu peuple en toute tranquillité.

    Ce qui était traditionnellement porteur de sens pour beaucoup d'entre nous, devrait bientôt disparaître. En tous cas, Klaus Schwab n'hésite pas à l'écrire, à la 138ème page de son livre. Soit la fin prochaine de ce qui façonne encore bien des individus : travail, communauté, famille. Avec, en complément, l'annonce d'une identité nouvelle pour chacun !
En regard de pareilles prétentions, on peut effectivement constater, du moins dans les pays occidentaux, que croît une conformité totalement inédite. Car, tels des cailloux pointus inlassablement ballottés par une eau agitée, nombre d'individus aujourd'hui se voient « émoussés », « lissés », « arrondis ». Il s'agit ici d'obtenir des mentalités dénuées du moindre relief, de polir tout esprit initialement « hérissé ». Déjà, proclamer « Je suis cet être unique aux multiples facettes » fait saillie. Sans conteste, entretenir toutes ses petites aspérités gêne ceux qui roulent comme des billes sur la seule pente jugée convenable.

    Raboter tous ces angles qui caractérisent une personne, se réalise en la plongeant dans un désarroi teinté de culpabilité. Par conséquent, ce qui semblait depuis toujours aller de soi va subir les attaques d'une morale particulièrement corrosive. Films, séries TV, publicités, s'emploient de la sorte à effacer les bonnes et mauvaises rigidités, souvent héritées des ancêtres. Entre autres : le classique mariage d'un homme et d'une femme, le couple ethniquement homogène, l'homme blanc comme personnage incontournable, des genres féminins et masculins bien typés...
Tout cela est remis en question, le meilleur aussi bien que le pire, et de manière excessivement véhémente.
De pareille déconstruction, émerge une foule apathique. Surnage en effet, cet amalgame composé de tous ceux désormais sans racines, sans repères, sans convictions ; et donc, sans possible révolte.

L'alliance

    La maison Klaus rassemble des gens parmi les plus riches et influents de la planète : PDG d'entreprises mondialisées, administrateurs d'organismes bancaires, grands opérateurs financiers, responsables d'institutions internationales, directeurs de banques centrales, chefs de gouvernement, têtes couronnées, éminentes fortunes, décideurs notoires...
Semblable gratin vit quasiment en vase clos. De fait, on se fréquente, s'amuse, se marie entre personnes appartenant à ce petit monde privilégié qui se nomme lui-même « l'élite ».
Dans ce milieu, les nombreux embarras qui compliquent l'existence du commun des mortels, sont tout-à-fait inconnus. Parce que, pour les très aisés, le réflexe consiste à mettre la main au portefeuille lorsqu'un problème se précise. Ils paient donc nombre d'auxiliaires pour gérer leurs avoirs, écrire leurs discours, assurer leur sécurité, éduquer leurs enfants, entretenir leurs immeubles, acheter leurs victuailles, préparer leurs repas, laver leur linge, nettoyer leur piscine, tondre leurs pelouses, conduire leurs voitures...
D'où cette mise à l'écart par les grands possédants de « ceux qui ne sont pas comme nous ».

    Un phénomène résolument neuf est en train de se produire. Car, hormis les services domestiques décrits plus haut, ces gens fortunés n'auront bientôt plus besoin des pauvres pour les servir. En effet, de nombreuses machines « intelligentes » vont sous peu remplacer les hommes au travail ou défendant les frontières du pays. Ensuite, la dévastation de l'environnement et la fin de certaines ressources essentielles, ne permettront bientôt plus de s'enrichir en conditionnant, par la publicité, nombre d'acheteurs compulsifs. Aussi, l'énorme masse des consommateurs, travailleurs, soldats, ne sera désormais d'aucune utilité pour la petite fraction des super-nantis.
Dès lors, la nette séparation entre dominants et dominés risque de prendre une tournure inquiétante.

    Klaus Schwab a commencé sa carrière comme professeur de management. Et, conformément aux principes régissant cette discipline insidieuse, il s'efforce de nous vendre combien grand sera notre bonheur à venir. Pour autant, bien sûr, que nous adoptions la bonne attitude, que nous sautions dans le train en marche.
Toujours dans les pages de la « quatrième révolution industrielle », on lit également qu'il y aura des obstinés refusant les mutations en cours. Mais ceux-là se puniront eux-mêmes, en restant piteusement sur le quai. De fait, pareils « perdants » ne profiteront pas d'un génome « amélioré ». Or, ceci résonne comme étonnante affirmation. Il faut en effet se rappeler que le pouvoir aura bientôt sur les bras une main-d’œuvre inemployable et pléthorique. Que va-t-on faire de tous ces « bonifiés » ?
Il paraît bien plus vraisemblable que la modification de l'ADN, en commençant par celui des bébés, aura pour visée d'amoindrir certains traits du caractère. Et d'abord, bien sûr, de laminer le tempérament combatif. Lequel pourrait pousser à la contestation, s'en prendre aux privilèges de la Caste.

    Ainsi, le porte-parole du Forum Économique Mondial se réjouit d'une prochaine fabrication en série de l'homme idéal. Or, semblable modèle s'avère celui décidé par les seules puissances d'argent. Et les principaux intéressés, les humains qui se comptent par milliards, n'ont apparemment pas le droit d'émettre l'un ou l'autre avis quant à ce projet mirifique ! En outre, ce choix arbitraire, cette absence de tout débat démocratique, s'accompagnent d'un mépris certain à l'encontre des factieux refusant le « progrès » !
Face à pareil délire hégémonique, gorgé de suffisance, la conclusion s'impose d'elle-même : derrière la façade des postulats techno-scientistes diffusés par Davos, se cache d'indéniables et vaniteuses puérilités.

    Qui s'en tient uniquement au microscope pour comprendre le monde, favorise une démarche on ne peut plus fragmentaire. En fait, aborder le réel par l'entremise du seul regard scientifique, déforme la réalité. Pour la bonne raison que ceci requiert une spécialisation méthodique. Avec ce résultat que chaque étroite lucarne détruit les synthèses englobantes. Ceci fait dire à l'informaticien : L'homme n'est qu'algorithmes ! Auquel répond le biologiste : L'homme se définit comme le produit de ses gènes ! Quant au sociologue, c'est avec force qu'il affirme: L'homme s'avère pur résultat d'une collectivité particulière ! Mais le psychanalyste, lui, voudra nous avertir : L'homme dépend intégralement de son inconscient ...

    Ne considérer que l'analyse rigoureuse, s'en tenir avec ferveur à de visibles faits concrets, ne croire qu'aux chiffres, équations, statistiques, peut également conduire à l'erreur. Car le rationalisme intégral sombre volontiers dans une croyance, celle des théories immuables. Mais ce qui de nos jours paraît scientifiquement vrai, sera peut-être savamment démontré demain comme résultant d'une pensée chimérique. Et les certitudes bien ancrées s'effacent alors sous l'action du provisoire.
Pour connaître, notre cerveau comporte deux parties distinctes. Aussi, l'hémisphère gauche, fanatiquement rationnel, ne peut fonctionner en solitaire. L'hémisphère droit doit le compléter, le tempérer, lui permettre de nuancer en lui offrant une autre approche. Et donc, cette intelligence différente se révèle indispensable à toute compréhension d'envergure.

    La logique devient sectaire quand elle refoule cette composante droitière de l'esprit humain. Dans ce cas, il y a rejet d'un savoir alimenté par les émotions, sentiments, intuitions. Et la raison verse dans une démesure aliénante, nous empêchant instinctivement de ressentir. Hypnotisée par les détails palpables, elle occulte le sens, la probable cohérence émanant de situations complexes, d'informations innombrables, d'événements disparates.
Ce refus de toute globalité, de toute vision d'ensemble, rétrécit le discernement. Disparaît donc sans tarder, la compréhension de cette créature particulièrement compliquée : l'être humain. De sorte que le mental en vient à méconnaître l'empathie.

    Ne pouvoir se mettre à la place d'autrui, permet de le tenir à distance et facilite son infériorisation. C'est pourquoi ceux qui s'incluent dans les « sachants », qui s'estiment supérieurement intelligents parce que de formation scientifique, rejoignent cette minorité richissime refusant toute fréquentation des « inutiles ». S'ensuit alors un pacte entre paranoïas similaires. Car, de concert, celles-ci redoutent une « sous-humanité » jugée dangereusement pléthorique.
En finale, se noue ainsi l'étroite alliance de deux stupidités.

La guerre

Ici, pas de complot. Ici, point de conspirateurs aux regards soupçonneux, chuchotant dans l'arrière-salle d'une sombre taverne. La maison Klaus ne dissimule aucunement ses intentions, expose son programme au grand jour.
Parce qu'éminemment imbue d'elle-même, cette oligarchie veut se croire « éclairée ». Ce qui lui conférerait une mission à remplir. Klaus Schwab n'hésite d'ailleurs pas à l'écrire : changer le monde ne peut suffire. De fait, bien plus grandiose apparaît ce plan qui consiste à transformer l'humanité. Ceci en fusionnant biologie et numérique, en créant des organismes sur mesure, en modifiant les gènes, en robotisant l'homme.
Toujours selon cet écrit, nous aurions à subir des groupes dissidents s'opposant au déploiement de pareil progrès. Ceux-là, ne voudront pas changer qui nous sommes. Ils représenteront donc une réelle menace. De tels révoltés en effet, pourraient exercer une violence ancrée dans une idéologie radicale. Cependant, l'auteur tient à rassurer son lectorat. On sait maintenant, dit-il, que lorsque quelqu'un se sait observé, celui-là devient plus conformiste et plus docile.

    Les opposants, que craint l'initiateur du Forum de Davos, existent depuis longtemps. Car, politiquement parlant, ces adversaires se localisent surtout à l'extrême-droite.
Semblables ultra-nationalistes, cherchent à restaurer l'absolue souveraineté de leurs pays respectifs. Par conséquent, sur le vieux continent, ils prônent la sortie immédiate de l'Union européenne. Parce que celle-ci favorise honteusement les seuls intérêts de la Caste.
De tels conservateurs purs et durs, dénoncent de surcroît la décadence des mœurs ainsi qu'une porosité manifeste des frontières. Ils affichent dès lors leur détermination à rétablir la stricte morale patriarcale des familles d'autrefois, tout en voulant rompre les traités commerciaux qui favorisent le libre-échange. Avec comme résultante, de redresser les barrières douanières, d'avantager ces entreprises « de chez nous », de mettre fin à l'immigration ...

    Beaucoup de nos contemporains, pour la plupart désorientés, ne détectent nullement cette guerre idéologique qui s'active autour d'eux. Ils ne perçoivent pas non plus, que leur adhésion à l'un des deux camps en présence constitue l'enjeu primordial du conflit. Chacune des factions en effet, a besoin d'un maximum d'alliés.
Pour convaincre, les super-riches possèdent un atout majeur : celui de l'argent. Une telle manne subventionne le monde des médias, dirige la galaxie culturelle, contrôle l'univers politique. Complémentairement, maintes fortunes alimentent de multiples ONG, fondations, « institutions caritatives ». Aussi, pareille « philanthropie » finance tout ce qui nuit au succès du nationalisme : le combat féministe, la théorie du genre, l'éradication de l'homophobie, la promotion de l'avortement,la rhétorique anti-raciste, l'aide aux migrants ... De plus, ces initiatives privées, à « vocation humanitaire », s'évertuent à démontrer que l'on peut se passer de l’État-providence. Et le but apparaît alors très clairement : il s'agit d'en finir avec les États-nations, d'éradiquer le principe politique au bénéfice de l'hégémonie économique, d'installer une gouvernance mondiale véritablement toute- puissante.
En définitive, pareille bataille entre alternatives sociétales résolument divergentes, impose à chacun un choix apparemment très limpide. Ou bien se soumettre, en tant qu'être déboussolé, à la totale mainmise du marché. Ou bien s'amoindrir, comme sujet standardisé, discipliné de par l'ombre d'un drapeau national.
Quoique nettement plus discrète, existe cependant une troisième option ...

    Il semble relativement facile de dénoncer les abus manifestes d'un pouvoir totalitaire. Par contre, toute servitude présentée sous forme de bienfait désamorce bien des oppositions. Or, semblable propagande ruisselle de cet affrontement entre la droite mondialiste et son principal adversaire, la droite nationaliste. Il ne faut donc pas souscrire aux idées racoleuses de ces deux harangues-là. Ceci, afin d'éviter un aveuglement qui enferme l'individu dans ce rôle pathétique : celui de l'idiot utile.
En réalité, le chef voulant accroître ou maintenir son pouvoir au sommet d'une société pyramidale, trouve toujours un ennemi susceptible de menacer la communauté. Dès ce moment, grandit l'exaspération générale, dirigée vers ce danger probablement fictif. Soit une exaltation collective, laquelle conduit souvent au conflit. C'est pourquoi la paix demeurera chose impossible, aussi longtemps que des groupes adopteront le principe hiérarchique.
Mais éradiquer toute forme de domination éliminerait assurément d'innombrables comportements agressifs. Car alors, avec égalité et liberté ainsi retrouvées, disparaîtraient le sexisme, le racisme, l'homophobie ...

    S'opposer systématiquement à tous ceux qui s'activent pour régenter autrui, se révèle profitable à la communauté des hommes. C'est ne reconnaître d'autre autorité que le consentement de chaque être humain. Et cela s'appelle l'universalisme.
A partir de là, grâce à cet universel lumineux, les sombres intentions de la maison Klaus nous deviennent bien visibles. Un tel éclairage en effet, nous montre que ce mondialisme qui l'anime, se présente finalement comme sournoise et perverse régression.

 

Gablou