Centre d'Étude du Futur

C'est moins le bruit des bottes qu'il nous faut craindre que le silence des pantoufles. 

(Max Max Frisch, reprise par le journal anarchiste Alternative libertaire)

L'extrême-droite se voit régulièrement attaquée par toutes les factions politiques se disant démocratiques. Et pareille animosité, envers une idéologie bâtie sur de prétendues inégalités naturelles qui départageraient les individus, peuples, races, se comprend aisément. Mais, un danger bien plus grand menace aujourd'hui nos idéaux de liberté et d'égalité.

Pour qui sait entendre, la dictature mondialiste en approche mène grand tapage. Car médias, politiciens, et certains scientifiques, nous inondent d'un bourrage de crâne permanent qui assourdit nos oreilles. Dès lors, en comparaison, ces quelques bruits de bottes en provenance de l'ultra-droite paraissent bien ténus.

Il y a donc, dans le monde des idées, une actuelle inaptitude à discerner l'ennemi primordial. Ce qui se traduit par un vide stratégique. Lequel favorise alors le tir à boulets rouges sur un allié déplaisant, mais pourtant provisoire ainsi qu'absolument essentiel. Car de tels conservateurs aux idées courtes de la droite nationaliste, s'opposent farouchement aux projets de ce pernicieux nouvel ordre économique mondial !

En réalité, le vrai problème vient de la majorité silencieuse, de cette masse terriblement apathique. Laquelle repousse avec dédain toute contestation collective. Et qui ne voudrait, pour rien au monde, abandonner le confort de ses pantoufles.

Nous sommes pourtant à la croisée des chemins, confrontés à un programme liberticide, entraînés par un flux machiavélique qui s'appuie sur une technologie hors contrôle. Dès lors, laissés aux mains des quelques familiers de Davos, pour leur plus grand profit, l'intelligence artificielle ainsi que le transhumanisme, vont bientôt modifier corps, cerveaux et comportements des humains.

À nouveau, la techno-science ignore toute neutralité. Puisqu'elle va donner à certains la possibilité d'exercer un pouvoir absolu. Il faut donc, au plus vite, sortir de cette impuissance dans laquelle nous plonge les nombreux conformistes. Et, afin de convaincre ceux-ci de ne plus cheminer en troupeau, nous devons d'abord les connaître, savoir de quelle matrice sortent pareils moutons.

C'est à partir de là que pourra se construire un discours potentiellement émancipateur. Lequel permettra, peut-être, d'insuffler une prise de conscience populaire suscitant la révolte. Et, pour le moins, provoquer une désobéissance apte à contrer ce destin de cyborg que l'on veut nous imposer.

Des esclaves convaincus

Il y a ce réel plaisir à voir grandir un arbre. Car peu à peu son tronc prend de la hauteur, ensuite nombre de branches lui confère une stature imposante, puis une pléthore de feuilles le parent d'un manteau du plus bel effet. Or, cet irrépressible mouvement ascendant de la vie, façonne la majeure part de notre environnement.

L'humanité cependant, suit une trajectoire quelque peu différente de la faune et de la flore qui l'entourent. Certes, vu de l'extérieur, le corps de l'être humain se construit également selon cette impulsion conférée par la force vitale. De plus, pareille progression naturelle s'arrête, elle aussi, lorsque parvenue à maturité. Mais, si l'on y regarde de plus près, existe chez l'homme une sorte d'obscur inachèvement intérieur. À tel point, semble-t-il, que rien n'arriverait à combler un tel inassouvissement. Et c'est semblable insatisfaction caractérisant notre esprit, que le psychanalyste Michel Richard tente de résumer par un mot : le désir.

Une fois encore, on constate ici l'action stimulante de la nature. Parce qu'il s'agit de bien davantage que la poussée d'un arbre limité dans sa hausse vers le ciel. De fait, au plus profond de nous, se niche une incitation permanente à grandir, à rechercher l'accomplissement, la plénitude.

Une telle quête de soi par soi n'a pas de fin. Mais, ce type d'avancée ne peut se définir comme simple ligne droite évoluant sans peine vers l'infini. Sur cette route en effet, se dressent plusieurs obstacles qu'il convient de franchir ou contourner.

D'abord, accueillir valablement ce flux qui mène au plein épanouissement, requiert authenticité et courage. « Deviens celui que tu es » pourrait ainsi se poser comme devise de toute personne s'intégrant dans le courant ascendant de la vie. Ce qui signifie se reconnaître en tant qu'individu singulier, tout-à-fait original, et donc unique.

Il arrive que ce « Je » sans cesse accru, verse dans l'excès. Dans ce cas, un narcissisme de mauvais aloi entraîne l'individualité dans la démesure. Ce qui mène droit aux impasses. Aussi, les limites s'avèrent nécessaires. Car, grâce à celles-ci, chacun se redéploie alors vers l'harmonie universelle.

En outre, cette tempérance limitant les pulsions, retient de considérer autrui tel un rival qu'il faut devancer. Soit, ce refus catégorique de surplomber le prochain sur une échelle sociale illusoire. Dès lors, loin de toute artificialité, cette rencontre entre égaux enrichit. Parce que les différences de chacun se révèlent très souvent complémentaires.

Cette confiance réciproque, propice au dialogue, nous aide à découvrir certains conditionnements. Lesquels réduisent considérablement notre libre arbitre.

Certes, maints déterminismes, innés, construisent la personnalité de chaque individu. Mais, semblables héritages, éminemment personnels, ne nous ont nullement été imposés de l'extérieur. Par contre, les contraintes inculquées, intériorisées dès le jeune âge, se distinguent aisément. Parce que celles-ci ne cherchent qu'à stimuler l'instinct grégaire. Or, ce dernier fabrique des esprits identiques. Et pareille standardisation mentale, révoque la diversité inhérente au vivant, arrête de ce fait la marche du désir vers l'absolu.

Hélas, beaucoup renoncent à démanteler cette barrière psychologique enrayant tout dépassement de soi. Car, refuser une telle réduction de leur humanité, demanderait à ceux-là qu'ils réagissent, qu'ils s'élèvent contre cet instigateur malfaisant : le pouvoir.

S'appliquer à tailler un arbre selon des critères particuliers, c'est empêcher son épanouissement. De sorte que l'on contrarie le mouvement ascendant de la vie. Et, de même, le pouvoir répudie la nature en s'efforçant d'uniformiser les êtres humains. Parce qu'il veut que ces derniers s'activent en fonction de son intérêt, d'après ses objectifs du moment.

Suivant l'époque, la domination se colore de manière différente. Mais, toujours, les puissants se maintiennent par le mensonge, diffusent une trompeuse, quoique valorisante, image d'eux-mêmes. Il appartient ensuite au petit peuple d'imiter semblable « perfection ». C'est pourquoi, les modèles du héros et du saint ont favorisé la servitude volontaire de nombreuses générations.

Aujourd'hui, les nantis qui paradent au sommet, dédaignent toue forme d'idéalisme. Seul l'argent les motive. La richesse en effet, leur permet de régner, de séduire, de corrompre, de se présenter comme exemple. D'où cette actuelle société boutiquière, déversant sa laideur sur toute la planète.

Pareil pouvoir marchand se sert du désir, l'oriente vers un toujours plus éteignant sa vocation première. Ce qui revient à le pervertir, à l'avilir. Avec pour résultat que l'avoir et le paraître deviennent véritables obsessions, insidieux stratagèmes menant au délire narcissique.

Ce désir abâtardi, toujours illimité mais devenu « appât du gain », instaure une hiérarchie. Dès lors, travailler sans répit à parfaire ses conditions d'existence devient obligatoire. Et ce, afin de recueillir un maximum d'attentions et d'égards. De fait, le mérite de chacun se calcule en comparant la position sociale acquise, avec celle affichée par autrui. De sorte que les autres cessent d'être vus comme égaux sympathiques, puisqu'ils se présentent en pénibles concurrents. Tous se voient donc évalués d'après les normes du système, obtenant en finale respect ou mépris.

Le diviser pour régner culmine de par cette lutte de tous contre tous. Heureusement, l'espoir d'une révolte subsiste grâce aux « paresseux » aux « nullement motivés ». Parce que ceux-ci compensent le dynamisme mercantile des « courageux », des « convenablement conditionnés ». Lesquels s'activent en esclaves convaincus, lesquels croient agir dans leur seul intérêt personnel.

Des esclaves frustrés

L'ordre social marchand prospère grâce à d'innombrables achats, fabrications, ventes. Et son idéologie s'appuie sur une cupidité décomplexée. Dès lors, les personnes se voient perçues comme autant d'outils, machines, objets, susceptibles d'enrichir plus encore les ultra-riches.

Dans ces conditions, le désir, à présent dévoyé, va servir à galvaniser les besoins. Ceux-ci en deviennent donc illimités. Et parce qu'indissociablement liés à notre nature humaine, ils constituent de ce fait un piège sournois dans lequel beaucoup vont tomber.

Pour étancher la soif incessante de produits et services, il faut de l'argent. Ce qui oblige à travailler avec ardeur, à se vouloir performant, rentable, méritant. De sorte que nos maîtres d'aujourd'hui amassent des fortunes. Car ils bénéficient de la constante fébrilité agitant ces multiples et parfaits producteurs-consommateurs.

L'opulence n'a jamais été aussi grande ... Un progrès continu nous entraîne tous vers un avenir plein de promesses ... L'espérance de vie augmente de plus en plus  ... Voici quelques unes des louanges dithyrambiques que nous infligent les chantres d'un système qui s'applique surtout à diriger nos existences. Et, pour mieux nous subjuguer, pareille propagande affirme que tous nagent à présent dans l'opulence.

Or, se vanter d'une telle profusion, collectivement distribuée, revient à négliger les nombreux pauvres de par le monde. Lesquels se dénombrent par centaines de millions. Et ceux-là, tentent péniblement de survivre, jour après jour, sans grand espoir d'améliorer leur douloureux quotidien.

Dans les pays dits « riches », manger, boire, dormir, se loger, se chauffer ... s'avèrent nécessités  généralement accessibles au grand nombre. Cependant, « l'homme ne vit pas seulement que de pain ». Dans l'inconscient de chaque individu, on trouve en effet des besoins psychologiques absolument vitaux. Or, ces derniers sont maintenant inaudibles, noyés sous le flux torrentiel d'un bourrage de crâne permanent.

Le matraquage publicitaire a pour but de vendre une infinité de choses, bien souvent superflues, voire tout-à-fait inutiles. Et pareil fatras repose sur un énorme mensonge, une honteuse promesse. On ose ainsi prétendre, à tout futur client solvable, que son achat le plongera dans une immense joie perpétuelle. Alors que la petite euphorie causée par la satisfaction d'un quelconque besoin, ne dure guère. Le plaisir est éphémère, et ceci le caractérise parfaitement. D'où cette vérité, tenant en quelques mots : « tout passe, tout lasse ».

Parce que trop souvent répétée, semblable sensation passagère de bien-être s'émousse graduellement. Aussi, beaucoup cherchent à restaurer ce contentement qui s'amenuise au fil des années. De sorte que l'on voit aujourd'hui nombre d'éternels insatisfaits, mais aussi des voraces, ainsi que des blasés. Et tous alors, choisissent de s'enfoncer davantage dans le caprice, l'immédiat, l'inhabituel, voire la dépravation.

Un tel régime, prônant la jouissance du seul instant présent, pousse nos contemporains sur une pente aboutissant à l'infra-humain. Et pareille déchéance, détourne de ce courant ascendant qui anime le vivant. Aussi, l'épanouissement ne balise-t-il plus cette avancée vers un bonheur serein.

Chez certains, le « jamais assez » s'avère particulièrement nocif. Ici, le malaise s'installe quand la personne se dévalorise à ses propres yeux. Elle se croit coupable, parce qu'elle aurait du s'investir davantage, travailler plus intensivement. Ceci afin d'acquérir un « standing » nettement supérieur.

Rejoindre un ensemble dirigé par des valeurs communes, permet d'orienter valablement sa vie. Car les convictions partagées rendent plus fort, et le groupe indique comment ne pas s'égarer. Alors que viser en solitaire son unique intérêt, ne confère d'autre sens à l'existence que la loi de la jungle.

Complémentairement à ses manœuvres séductrices, le pouvoir accentue sa domination en distillant la peur. Il brandit un danger, le plus souvent fictif, afin de se présenter en « sauveur ». C'est ainsi, qu'attentats terroristes, pandémies mortelles, catastrophe climatique, guerre mondiale ... justifient censures et coercitions. Lesquelles alors, seraient censées favoriser le bien commun. 

À présent tourmentées par d'innombrables tentations programmées, les populations occidentales versent dans une agitation permanente. En réalité, chez nous, le perpétuel tsunami de messages publicitaires a tué cette insouciance qui distingue les gens heureux. Car désirer sans frein nombre de choses que l'on ne pourra jamais obtenir, s'appréhende comme torture mentale tenace.

À l'inverse, les misérables peuplant certains pays du Sud, ont parfois le sentiment de se trouver plongés dans un enfer physique. Cependant, ceux-là évoluent également dans ce qui ressemble fort à quelque paradis moral. De fait, tous ces pauvres ne sont pas tenaillés par l'envie, car la simplicité des appétits s'impose d'elle-même. En outre, ils peuvent compter sur l'éventuel secours de leurs voisins, appartiennent à l'un ou l'autre clan soudé par des liens familiaux solides, intègrent une communauté digne d'estime, s'en remettent à la volonté de divers dieux, se rassemblent en toute amitié pour raconter, chanter, danser, rire.                                                                                                                                            

Aussi faut-il comparer cette façon de vivre avec celle des gens du Nord, aisés mais pour toujours mécontents, constamment affligés d'insidieuses sensations de vide, d'échec, de frustration.

Qui se sent constamment frustré, développe une exaspération destructrice. Or, semblable agressivité peut prendre deux directions différentes.

Il y a d'abord cette aigreur diffuse, cette douleur intime ne pouvant s'épancher vers l'extérieur. Et en pâtir, métamorphose la personne en victime. Car en effet, une telle irascibilité contenue se retourne contre ceux qui l'éprouvent. C'est ainsi qu'en 2024, un million de Belges ont consommé régulièrement des antidépresseurs. De plus, toujours dans notre petite nation, depuis plusieurs années le suicide apparaît comme la première cause de mortalité chez les moins de 45 ans.

Face à pareil désastre, le pouvoir tire son épingle du jeu. Une fois de plus, il balaie ses responsabilités en culpabilisant « ceux d'en bas ». De fait, selon les affirmations des médias inféodés au système, ce mal-être accablant certains proviendrait d'un « développement personnel » mal réalisé. Il y aurait donc, chez tous les dépressifs chroniques, une mauvaise adaptation à la vie moderne ! D'où ces multiples méthodes, livres, officines préconisant pensée positive, respiration contrôlée, méditation, yoga, ...

Tout autant préoccupante, apparaît l'animosité dirigée contre autrui. Cette fois, celui qui se se croit lésé dans ses ambitions et convoitises, dès le moindre agacement, déverse sa vindicte sur un quelconque bouc émissaire. Et, là encore, des statistiques récentes éclairent semblable piétinement de la plus élémentaire convivialité.       

C'est ainsi que l'année dernière, plus de 5.500 agressions, verbales ou physiques, ont été perpétrées contre chauffeurs de bus et accompagnateurs de train. De plus, toujours en Belgique, et par comparaison avec les « trente glorieuses », notre époque dénombre 10 fois plus de meurtres ! Et ce, malgré les sévères restrictions contemporaines sur le commerce des armes.

Or, là encore, cette mini-guérilla de l'intérieur profite largement aux dominants en place. On voit mal en effet, pareilles véhémences et rancunes permettre cette union des citoyens, seule capable de renverser ce régime maléfique.

Des esclaves lobotomisés

Beaucoup de besoins indispensables ne sont pas satisfaits. Tout simplement parce qu'ils ne s'avèrent pas rentables. Par contre, on ne cesse de nous créer des envies totalement inutiles. Mais, pour le grand nombre, accumuler un tel superflu devient la preuve d'une existence réussie.

Cette jouissance de l'instant présent, ce plaisir fugace induit par la consommation, détermine un sens de l'histoire que doit suivre la société toute entière. Aussi, l'élan vers un bonheur de qualité se voit détruit par ce mirage de profusion démesurée. Car pareille stagnation dans l'illusoire, remplace alors les convictions religieuses, les idéaux philosophiques et politiques. Soit la fin de stimulantes certitudes. Ce qui montre ici la victoire d'un système particulièrement oppressif. Parce que ce dernier en effet, supprime l'indispensable volonté de grandir, empêche toute avancée vers des horizons débordant de bien meilleures promesses.

Cette société pernicieuse, s'appuie sur la notion de Progrès. Mais en réalité, semblable prétendue marche en avant n'existe pas. Parce qu'il ne s'agit nullement de faire progresser la liberté, l'égalité, la fraternité. Il faut au contraire intensifier les pouvoirs et profits des puissants. Dès lors, une technologie sans freins s'efforce d'améliorer la productivité, s'évertue surtout à créer des produits occasionnant maints achats compulsifs.

De même, ce que l'on nomme croissance aujourd'hui, doit s'envisager comme une autre mystification d'envergure. Car lorsque le PIB d'une nation augmente quelque peu, ses dépenses creusent un déficit qui dépasse largement tout boni. Et donc, de nos jours, dans la majorité des pays, la soi-disant abondance se réalise à crédit, repose sur une dette qui ne cesse de s'amplifier.

D'autre part, on peut se demander si ce progrès continu, dont beaucoup font religieusement l'éloge, possède quelque réalité. Certes, il y a eu, et il y a encore, d'indéniables évolutions adoucissant certaines duretés de l'existence. Cependant, si nous regardons avec lucidité l'envers de ce bénéfique décor novateur, celui-ci montre alors de multiples aveuglements, nuisances, régressions, fiascos, tourments. De fait, chaque époque procure autant de dommages que de bienfaits à ses contemporains ; et la nôtre n'échappe pas à cette règle générale.

Une minorité agissante se dit pourtant « progressiste ». De sorte que nous voyons à l’œuvre de pseudo-révolutionnaires s'agitant avec bruits et fureurs. Alors qu'en réalité, pareils contestataires soutiennent ces riches qu'ils prétendent ardemment combattre !

Ce n'est pas en réclamant de l'argent pour consommer davantage que l'on mettra fin à l'emprise boutiquière. Sachons le : ce « combat » pour satisfaire au mieux de vains appétits, mené par des gens de gauche, des marxistes, des syndicalistes, ne fait que renforcer la domination du capital.

Une autre forme de collaboration honteuse avec les puissants, s'appelle wokisme. Lequel n'est rien d'autre qu'une incitation à la désintégration sociale. Dès lors, cette sorte d'attaque investit même les écoles, amène ainsi les enfants à douter de leur sexe, à reconsidérer le genre auquel ils croyaient appartenir. Et, toujours dans la même perspective dévastatrice, on stimule une hostilité entre migrants en surnombre et natifs excédés des pays d'accueil. Tandis qu'un féminisme pur et dur, proclame la guerre à la moindre préséance masculine. Mais en réalité, tous ces militantismes générateurs de confusion, de division, de chaos, vont permettre à la dictature mondialiste qui s'avance d'imposer un ordre sociétal « pacifié », car contrôlé, discipliné.

La droite politique quant à elle, constitue le meilleur soutien du régime actuel. Devenir riche en effet, lui semble ultime preuve d'un vie réussie. C'est pourquoi ceux que l'on dénomme « l'élite », représente pour elle ce modèle devant lequel on ne peut que s'incliner.

De par cette mentalité, les « capables », les « courageux », se définissent comme autant de « méritants » qui autorisent « croissance » et « progrès » dont tous pourraient alors profiter. Mais, si l'on parle vrai, ces chantres du capitalisme sont le plus souvent captifs d'instincts irrépressibles. Lesquels les rapprochent ainsi des chimpanzés. Car ces derniers recherchent semblablement à dominer et diriger leurs semblables. On masquera donc pudiquement semblable régression au niveau de l'animal par des mots tels qu'ambition, dynamisme, compétence, ...

Aujourd'hui, l'incohérence politique bat son plein. De fait, batailler sur des problèmes relevant du strict domaine économique ne mène à rien.

Ensuite, il y a ces minorités qui se disent victime, tout en proclamant agressivement leur différence.

Les écologistes, eux aussi, versent dans la déraison. Car ils se concentrent sur un réchauffement du climat pourtant naturel et cyclique. De sorte qu'ils approuvent toutes les mesures apparemment réductrice de CO2. Sauf que celles-ci provoquent l'appauvrissement, la censure, la surveillance.

En outre, si l'extrême-droite s'oppose encore à ce qui se met en place, pareilles révolte et lucidité ne vont pas tarder à disparaître. Car, entraînée par son fanatisme patriotique, cette faction voudra que ses travailleurs et soldats puissent se démarquer du reste du monde, se voient « augmentés » grâce à l'intelligence artificielle et le transhumanisme. Dès ce moment, de tels nationalistes purs et durs renoueront avec leurs vieux démons : l’État totalitaire et la fin des libertés individuelles

.« Je te loue Père, car tu as caché ces choses aux sages et aux intelligents, et tu les as révélées aux enfants » (Luc, 10, 21).

De toute évidence, ces paroles de Jésus s'inscrivent dans cette vision anarchiste qui ne cesse d'animer les quatre Évangiles. Énoncer en effet que la connaissance peut s'obtenir selon le mode primaire, intuitif, dévalue quelque peu l'activité cérébrale dont certains s’enorgueillissent. Et ceci revient alors à saper l’autorité morale dévolue aux « sachants ».

Tout comme l'économie, la science ne représente qu'une des diverses facettes caractérisant le phénomène humain. D'autant que cette sorte de savoir met le réel à distance (ce qui permet de le fragmenter, puis de le disséquer afin de mieux l'étudier). On ne peut donc construire un vivre-ensemble, au gré des seules innovations technologiques et découvertes scientifiques. Dès lors, envisager que le salut de l'homme s'accomplira grâce à des savants supposés sages et intelligents, risque bien de nous entraîner tous vers un avenir funeste.

Plus que jamais, une révolution s'avère indispensable. Mais, pour que celle-ci réussisse, elle doit dépasser toute hantise économique, scientifique ou autre, en acceptant l'homme dans ses différentes dimensions. Car une telle aventure bienfaisante, adepte de la diversité et refusant toute hiérarchie, intègre la puissance ascensionnelle de la vie. Ce qui, jusqu'à présent, a toujours été méconnu. D'où ces multiples convictions, croyances, dogmes ; lesquels au fil des siècles ont provoqué du malheur en cascade. En réalité, donner valablement du sens à sa vie ne peut se faire qu'en rejetant tous ces idéaux générateurs de fanatismes et pourvoyeurs de grands massacres.

Comme nous l'explique à nouveau le psychanalyste Michel Richard, pareille insoumission naturelle ne peut avoir de fin. Par conséquent, s’appuyer de la sorte sur une direction, et non sur l'imminence d'un quelconque paradis terrestre, permet de réhabiliter la nécessaire utopie.

Une telle évolution constante, menant vers l'harmonie universelle, se heurte aussitôt au pouvoir. En effet, de nos jours, régner sans partage se réalise au moyen d'une technologie invasive, d'un bien-être constamment stimulé et, surtout, grâce à des suiveurs dépourvus d'esprit critique.

Naguère, il fallait inculquer de solides convictions pour diriger la masse. Aujourd'hui, cette conformité voulue s'accomplit de manière très subtile. Car les soumis de maintenant ne croient plus à rien, estiment agir selon leur seul bon vouloir, recherchent le plaisir immédiat.

Or, l'interminable chemin menant vers un ailleurs parfait, requiert des règles d'action, des objectifs précis, des principes moraux. Hélas, ces foules narcissiques actuelles s'avèrent incapables de s'imposer des limites. Et beaucoup ignorent superbement les leçons du passé, tout en s'interdisant de penser le futur. Pareils dominés ne perçoivent donc plus la totalité du réel, semblent véritablement lobotomisés. Ceux-là ont ainsi désappris que la marche du monde ne s'arrête jamais et que, depuis 10.000 ans, l'ossature de tous ces despotismes jalonnant l'Histoire se nomme servitude volontaire.

L'avoir et le paraître participent à cette stratégie qui empêche nos contemporains de se rassembler pour construire une société meilleure. Et semblable infection, contamine même certains farouches opposants au système. Lesquels visent la notoriété grâce à leurs prêches virulents.

Ce n'est pourtant pas avec de tels florissants et tonitruants gourous que l'on peut combattre efficacement le nouvel ordre mondial et son projet transhumaniste. Il nous faut plutôt compter sur de multiples petits groupes égalitaires, composés de militants modestes et déterminés. Capables dès lors de s'effacer derrière une noble cause, en pratiquant le don, la gratuité, l'anonymat. Car c'est par semblables volontés que le silence des pantoufles se muera en impulsion contestatrice.

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P.S. : Ceci constitue mon trentième et dernier texte. Je tiens donc à remercier mes camarades du « Centre d'étude du futur », sans qui ces écrits n'auraient pu voir le jour. De même, je dis un grand merci à mes patients lecteurs. Et je souhaite à tous ceux-là d'acquérir les ressources adéquates pour affronter les défis des années à venir.           .

Gablou